samedi 2 mars 2019

ENQUÊTE SUR LA LUTTE CONTRE L'EROSION DE LA PLAGE DU RAYOL



AVIS D’ENQUETE


Avec un peu de courage, vous pouvez consulter l’ensemble des documents sur le site de la Préfecture du Var.



À quoi sert cette enquête ?

On peut se poser la question. Pour preuve la décision incompréhensible du commissaire enquêteur lors de la dernière enquête sur la Concession naturelle de la plage du Rayol, qui n’a pas hésité à émettre un avis favorable au projet, malgré une opposition forte avec 86 observations négatives sur 100… ! 

C’est ce même commissaire enquêteur, celui qui avait trouvé que tout était conforme… qui officie pour cette nouvelle enquête.

Qu’importe si participer ne sert à rien formellement. On ne peut pas se désintéresser d’une enquête qui engage l’avenir économique et touristique de la commune avec un coût avoisinant le budget annuel de la commune, 2.402.541 €TTC, plus les frais de fonctionnement et d’entretien non indiqués, l’un des plus importants depuis près de 30 ans et la construction des HLM Paulette Gola… D’autre part, il est important que la population s’exprime et que l’ensemble des acteurs de ce dossier ait une idée du niveau d’adhésion de la population.

Il est difficile de donner un avis objectif à partir d’un pavé technique très complet de 250 pages qui n’a fait l’objet d’aucune réunion d’information spécifique alors qu’il entre dans le cadre de la gestion intégrée du littoral de la plage du Rayol Est et Ouest, au même titre que les aménagements d’arrière-plages et la zone de mouillages organisés.  

Seule une vidéo (11/2017) qui se veut didactique expose le projet et affirme des résultats attendus que l’étude présentée se garde bien de prendre à son compte. 
« Le projet proposé par les sociétés ACRIN et Corinthe permettra de gagner 10 m de plage et 60 cm d’épaisseur… »  Et pourquoi pas 11m sur 59 cm ?  

Bref, pour tenter de contenir ou ralentir ce phénomène, plusieurs types de protection sont en cours d’expérimentation.
À Cavalière, depuis  2013 des sacs de géotextiles (Plus petit que le Géotube prévu pour la plage du Rayol)… Ont été mis en place pour lutter contre l’érosion du trait de côte. Les retours divergent. Pour la municipalité le cordon de dune se serait reconstitué sur plus de 10 mètres sans avoir recours au rechargement de sable (Bulletin municipale 2018 – Lavandou)  Une assertion que ne partagent pas les riverains de la baie de Cavalière qui regrettent la disparition des posidonies véritables atténuateurs naturels de houle.
À noter que la protection du Cap Nègre au vent d’Est, n’a pas été suffisante pour éviter qu’une importante partie de l’ouvrage soit aujourd’hui sur le sable (Photos ci-dessous) entrainant une pollution écologique et visuelle.


Photos février 2019

En général les risques d’éventrement et de déchirures viennent des grosse tempêtes, des hélices de bateau, les ancres, les fusils sous-marins etc. Et non au matériau lui-même qui, selon des études faites en laboratoire aurait une durée de vie de 100 ans (Page 29 Rapport CORINTHE)

À Cannes. Une digue sous-marine en géotextile mise en place en 2011 semble donner satisfaction avec un suivi très strict de l’ouvrage 
Sur cet exemple cité par Jean PLENAT, il n'échappe à personne que mettre en balance la topographique de la plage de Cannes avec celle en fond de crique du Rayol, est peut-être un peu osé.

En Corse. Le BRGM (Bureau de Recherches géologiques et Minières) a réalisé l’inventaire des solutions techniques de gestion de l’érosion. Il les classe en 2 catégories :
-Les méthodes souples avec l’alimentation artificielle des plages en sédiment
-Les méthodes dures, avec les enrochements (Epis, brise-lames) et les Géotextiles !

La commune du Rayol-Canadel a opté pour la méthode dure : Les géotextiles.

D’autres pistes ?

Lors de l’assemblée générale des maires du Littoral varois en août 2011(VM 25/08/11) Mr Marc GIRAUD alors maire de Carquéiranne, aujourd’hui président du Conseil Départemental du Var proposait : "il faut mutualiser les stocks de sable. Libérer les plages qui en ont trop pour équiper celles qui n’en ont pas assez. A Carqueiranne par exemple nous avons du sable du Lavandou…" 
C’était en 2011. Reste à savoir s’il existe encore des plages qui ont trop de sable !

Pour mémoire, feu Mr Henri-Paul Goy, maire du Rayol-Canadel de 1995-2001 avait tenté l’expérience en faisant venir du sable du port de Bormes. Faute de moyens et une granulométrie semble–t-il incompatible avec le sable du Rayol, il n’a pas souhaité renouveler l’expérience.

À La Londe. Un enquête publique est en cours jusqu’au 13 mars pour le rechargement des plages par apport annuel de sable (VM 21/02/19)
Pour Corinthe Ingénierie (Page 216) le rechargement au niveau de la plage Est…serait "insuffisant pour amortir suffisamment l’impact d’une forte houle…Des aménagements complémentaires sont nécessaires au rechargement pour assurer sur le long terme une protection en cas de fort coup de mer…" 
Des aménagements complémentaires ? Pourquoi pas "la mise en place de récifs artificiels, une technique déjà éprouvée pour la reproduction de la faune. Après tout, la nature fait bien çà avec les récifs coralliens…" B. CHASSELIERE. (VM 25/11/2011) ?

Ce choix est trop rapidement écarté par les auteurs de l’enquête sans que les deux solutions ne soient comparées. Dommage, ces récifs artificiels ou "maisons à poissons" ont l’avantage (Si l’on se rapporte à l’expérience faite dans la baie de Marseille qui a vu la biodiversité marine augmentée de 30 % en 10 ans…) de recréer la biodiversité marine. Ce qui ne manquerait pas de satisfaire ceux qui taquinent la girelle dans la baie du Rayol…


Faut-il se résoudre à voir disparaître nos plages ?

Peut-être pas, répond Bernard CHASSELIERE, ex maître de conférence à l’université de Nice –Spécialiste en sédimentologie (VM du 25/8/2011) car "il y a deux sortes de plages : Les plages de criques, où l’on ne peut pas reculer et qu’il faut défendre, même si cela ressemble à une lutte à fonds perdus et les autres qui peuvent se déplacer en reculant…"
Les plages de criques ? C’est le cas du Rayol.

SITUATION AU RAYOL

Le bilan de Santé du Littoral des Maures fait par l’Observatoire Marin en 2011 a déterminé la plage du Rayol comme zone à risque à la dégradation en matière d’érosion et conclue :   
"La plage du Rayol subit une érosion forte de la partie Est de la plage émergée depuis 2005…. Contrairement à cela, la partie Ouest se maintient..."

Une certitude : Le temps de s’allonger sous les arcades des escaliers du Bailli de Suffren n’est plus qu’un très lointain souvenir pour quelques-uns d’entre nous …
Bref, l’enquête est en cours et pour faciliter la tâche de nos lecteurs nous avons listé quelques interrogations qui méritent d’être éclaircies.

1/-Le Marché inévitable de la surveillance de l’ouvrage, évoqué dans le dossier d’enquête  page 246 est-il inclut dans les  2.402.541 € TTC ?   

2/ L’étude ne s’appuie que sur des techniques mis en place sur des plages qui n’ont rien avoir avec le relief en fond de crique de la plage du Rayol.

3/  Le fond de plage est artificialisé et fixé, cela favorise l’érosion du haut de plage (page 21)  De quoi s’agit-il ? Des terrasses de restaurants de Plage (BOUKAROU et BAILLI) ? Des  escaliers du Bailli ? Des garages de la plage Ouest ? De plus (Page 24) : D’un point de vue stratégique, il est conseillé d’adapter les aménagements aux contraintes du site (passage en établissements démontables. Ce passage en établissements démontables est-il dans le projet communal pour les avancées en dur sur le domaine maritime des terrasses des restaurants cités ci-dessus ?

4/ 15.863.93 m3 de sable seront mobilisés dans la baie du Rayol (Page 41)
Qu’en est-il des risques pour les plages avoisinantes : Aucun impact particulier n’est à noter concernant les avoisinantes, en particulier au niveau de la Domaine du Rayol (Page 37) Aucune information n’est donnée pour la plage du Canadel.

5/ Pages 40 et 43  on montre un Schéma de circulation des engins de travaux sur la plage Ouest pour les installations de chantier à terre. On peut supposer qu’il s’agit là du rechargement en sable de la plage Est : Comment va se faire le transfert des engins de chantiers d'Ouest en Est ?

6/ Page 43 alinéa 3.5.1 Positionnement du chantier. Si l’on se  réfère au schéma de la page 46la salle de réunion de chantier est positionnée Square Mistral, derrière le bâtiment recevant les garages et cabines plage Ouest. Ce choix est apparemment incompatible avec les aménagements de jeux d’enfants des travaux d’arrière- plages en cours. Un autre emplacement a-t-il était défini ?

7/Impact dans la zone de navigation dans les 300m et la zone de baignade : La concession d'occupation de sous-sol de la mer est de 13.307 M2. 
Selon l’avis de la Commission nautique Locale du 4/7/2018, Corinthe Ingéniérie prévoit une interdiction totale des activités autour des Géotubes. A cela s’ajoutent les importantes contraintes de la Zone de Mouillages Organisés. Quel sera  l’impact sur les activités balnéaires et nautiques ? 
Ce point mérite d’être évaluer.
Pour la petite histoire dans le procès-verbal de la Commission nautique local du 4/7/18,  Denis Cazali, directeur général des services de la mairie, est fait 1er adjoint au maire...Ça détend l'atmosphère !

8/ Phasage du Chantier : Le calendrier proposé par Corinthe pour la 1er phase est aujourd’hui obsolète. (3/09/2018 au 13/3/2019) Quel est le nouveau calendrier ?

Enfin, le choix de l’entreprise CORINTHE INGENIERIE

Il est toujours rassurant de connaître "Le pédigrée" d’une entreprise surtout quand on lui confie un budget de plus de 2.400.000 €. A cet égard, on aurait aimé retrouver quelques lignes sur le savoir-faire de CORINTHE Ingénierie en matière de projet de lutte contre l’érosion de plages.
Ce manque de clarté ressort d’ailleurs dans l’absence d’information dans un projet aussi important que le P.L.U.
C’est ainsi qu’au fil des différents conseils municipaux en ligne, nous n’avons pas trouvé de délibération sur l’attribution de ce marché (Nous ne demandons qu’à être repris)

Alors, que retenir ?
  
1/La délibération 43 du 7/5/2015 nous apprend qu’un cabinet d’études va être choisi  pour déterminer les dispositifs pour lutter contre l’érosion de la plage du Rayol
Juste un mois après, le conseil municipal confirme que le cabinet ACRIN-In (associé de Corinthe Ingénierie )  a remporté la consultation pour choisir un cabinet chargé d’étudier les dispositifs de lutte contre l’érosion de la plage Est du Rayol… Tout ça nous parait bien rapide ! (Délibération 45/2015 du 12/6/2015) 

2/Le dossier refait surface en 2017 par la délibération 6 du 20/01/2017 où le conseil municipal approuve à l’unanimité le projet relatif à la lutte contre l’érosion de la plage du Rayol remis par la société CORINTHE ? Le projet n’est pas joint à la délibération comme elle le stipule !
Dans "La voix du Rayol" de novembre 2017 sur le thème Erosion des plages on apprend que: Les sociétés Acrin-In et Corinthe ingénérie ont été missionnées pour étudier l’érosion de la plage en vue de préconiser des solutions de préservation du tréfonds
Puis un mois après, lors des vœux 2017: Le projet de lutte contre l’érosion des plages Est, par l’immersion de récifs sous-marin est terminé le maitre d’œuvre a été choisi ?! Bon.

Il y a trop de faisceaux pour ne pas se poser de questions sur :

1/ La liste des candidats admis à présenter une offre dans le cadre de l’étude sur l’érosion des plages de la commune du Rayol-Canadel.
2/Motifs ayant conduit la commission d’appel d’offres à ne pas  attribuer le marché aux sociétés ayant fait acte de candidature.
3/Date de l’accord de missions pour les sociétés Acrin et Corinthe Ingénierie. 

À ce stade nous avons jugé qu’il était de notre devoir de ne pas passer sous silence, sans prendre parti, les informations qui revêtent un caractère public. 
L’enjeu est trop important.  
C'est ainsi que la société Corinthe, est sous le coup d’une information judiciaire dans le dossier d’attribution du marché pour les aménagements du port de Cavalaire.

Qu’en est-il exactement ?

Le 24/11/2017  le Conseil municipal du Rayol approuve l’adhésion de la commune à la Société Publique Locale PORT HERACLEA à Cavalaire (DELIB N°84 du 24/11/2017) et accepte que la commune souscrive au capital à concurrence de 3.600 € (10 actions)…
 Les élus dotent le maire de tout pouvoir, en particulier celui de signer les statuts, à accomplir toute procédure et à signer tout acte nécessaire à l'exécution de la délibération.
À noter, l’abstention de l’élue Irène ALLONSON.

Quel est l’objet de cette Société Publique Locale PORT HERACLIA ?

En gros elle a pour mission l’étude, la gestion, l’exploitation et la mise en œuvre du développement touristique de ses actionnaires, notamment en matière d’activités portuaires et annexes, d’équipements touristiques ou de loisirs…Elle aura entre autres missions : -la gestion du port de plaisance de Cavalaire/mer, incluant la passation des contrats de garantie d’usage, de location annuelle et de location saisonnière etc.
Jean PLENAT précise que "compte tenu de cette part de capital, nous disposerons d'un siège d'administrateur sur 14 devant composer le Conseil d'Administration" (délibération 84/2017 du 24/11/17)

On peut se demander ce que la Commune vient faire dans cette affaire et où se situe l’intérêt général. 
Bref, l’affaire aurait pu s’arrêter là.

Sauf que le 15/3/2018 Var-Matin nous apprend que : Suite à un signalement d’Anticor 83, le parquet de Draguignan a ouvert une enquête préliminaire autour de l’attribution d’un marché public de maîtrise d’œuvre de l’opération de rénovation du port de Cavalaire….Marché dans lequel apparaissent la Société Corinthe Ingénierie et son associé D’ACRIN-IN  

Vous trouverez d'autres informations sur le lien ci-dessous.

Le 12/4/2018 Var Matin titre sur Cavalaire : La protection juridique du maire examinée en conseil municipal. 
On apprend que le maire de Cavalaire serait un proche de Stephan Lenormand, président de la société Corinthe Ingénierie (fondée en 2015) celle qui a remporté le marché- Rénovation du Port- sous la bannière d’un groupement d’entreprises) etc.
Pour mémoire Mr Stephan Lenormand a été aussi président d’Acrin-In de 2009 à 2015, société associée dans le projet de lutte contre l’érosion des plages du Rayol.

Il est vrai que tout ceci dépasse le cadre de l’enquête en cours.
Toutefois, étant donné que l’on ne connait pas la mission exacte de Corinthe ni les tenants et aboutissants du marché à plus de 2.400.000 € passé avec la commune du Rayol, on est en droit de se poser la question sur ce qu’il adviendrait si cette société venait à être mise à mal par la justice !

La  présomption d’innocence demeure et on espère que la justice agira au plus vite dans l’intérêt de tous.


Dans un prochain édito, nous tenterons de vous apporter des réponses sur le projet de la Zone de Mouillages Organisés et du ponton prévu sur la plage Ouest.

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